Edouard Gravière et Loïc Fontaine
Les rues des
stations françaises, ici Chamonix, moins fréquentées cette saison.
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Pour
la première fois depuis 4 ans, la France perd son statut de
« première destination mondiale du ski » au profit des
Etats-Unis.
La fréquentation des
pistes se mesure en « jours skiables », donnée
représentant le nombre de personnes skiant sur le territoire
national un jour donné. Et d’après Domaines Skiables de France,
le pays n’a compté, pour la saison 2015-2016, « que »
52 millions de ces jours skiables contre 53,9 millions pour les USA.
Les Etats-Unis ont
profité du recul français de 3% pour récupérer la tête d’un
classement qu’ils dominaient jusqu’à 2012. La France reste néanmoins
le leader européen, devant l’Autriche qui arrive à la 3ème
place.
Selon
les professionnels français, cette baisse est due à un manque
exceptionnel de neige, particulièrement dans les stations de basse
et de moyenne altitude. Mais ce résultat ne cacherait-il pas un
problème plus profond pour l’industrie du ski français,
voire mondiale ? Probablement. Economiquement et climatiquement, le
temps s’annonce maussade pour de nombreuses stations.
Depuis
maintenant plus d’une décennie, les chercheurs ont observé une
nette diminution de neige au fil des saisons. L’élévation des
températures est la cause principale de ce phénomène.
Cette
tendance a fortement impacté l’industrie du ski en France: d’une
part, la saison est de plus en plus courte; d’autre part, de fortes
disparités sont apparues entre les différentes stations de ski
françaises. En effet, la neige naturelle étant plus abondante en
altitude, les stations en moyenne et basse altitude doivent se
tourner vers la production –très couteuse – de neige
artificielle. Mais les budgets limités de ces stations ne permettent
pas une utilisation intensive de cette technologie : elles
voient donc leur fréquentation faiblir, et séduisent de moins en
moins les investisseurs. A contrario, les stations de haute altitude
et de renommée s’adressent à une clientèle de plus en plus
aisée.
Cependant,
malgré leur place de leader mondial, les Etats-Unis doivent faire
face à la même menace qu’en France. Récemment, l’agence
américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA) a
révélé que la couverture neigeuse sur l’hémisphère Nord au
mois de juin a chuté de 30% par décennie depuis 1979.
Qu’en
est-il de l’avenir ? Selon Diana Madson, directrice d’une
ONG américaine visant à promouvoir les zones montagneuses, les
stations « ont besoin de diversifier leur économie »
pour survivre, en proposant par exemple des activités estivales et
en faisant preuve d’originalité pour faire revenir les clients. Et
quant à la neige, c’est à nous tous d’agir pour son retour.
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